Contribution

Nous reproduisons un article (en anglais) publié par le Weekly Worker du 12 avril 2012. Sous le titre Momentum builds behind Frances third man (traduit par Un mouvement se contruit autour de la candidature Mélencon) Jean-Michel Edwin appelle à un vote critique pour le candidat du Front de gauche.

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L’incontournable question du pouvoir

unité ouvrière

Les mauvais jours finiront

En Tunisie, en Grèce, en Espagne, même aux Etats-Unis et dans bien d’autres pays – y compris en France – s’exprime une aspiration démocratique à s’affranchir du joug de l’exploitation, de l’oppression et de l’aliénation. Cette aspiration connaît – et connaîtra – des hauts et des bas, des succès et des revers. Mais l’essentiel réside dans le fait qu’elle agit, donc qu’elle existe. Elle est en passe de conquérir une légitimité sociale et politique. Dans les pays de vieille tradition électorale, tant que les opprimés s’exprimeront dans le cadre institutionnel fixé par le système, la réponse électorale apparaîtra comme la continuité de l’état d’esprit des masses, de leurs luttes quotidiennes.

Cette aspiration se heurtera aux dures lois du capitalisme (non votées par le Parlement de la République) tant que ne sera pas posée la question de la lutte politique pour le socialisme. En France, force est de constater que les organisations qui se fixent comme objectif de donner un contenu politique à cette aspiration passent à côté de cette question.

Le programme du Front de gauche (FDG) affiche sa « volonté inflexible de résister à la finance » (page 11) mais celle-ci se fracasse sur la position concernant la dette dite publique : « Nous agirons pour le réaménagement négocié des dettes publiques, l’échelonnement des remboursements, la baisse des taux d’intérêts les concernant et leur annulation partielle » (page 70). En réalité, le FDG limite volontairement ses ambitions à « un gouvernement de gauche [qui] fasse du bon travail et ouvre une issue à la crise [souligné par nous] » (page 11). Ce qui place la barre en deçà du Programme commun de la gauche de 1972, alors que le modèle de Jean-Luc Mélenchon reste un certain François Mitterrand. En effet, dans le préambule de ce programme on lisait que le PS et le PCF « affirment ensemble leur volonté de mettre fin aux injustices et aux incohérences du régime actuel » ce qui correspond à la logique des organisations composant le FDG. Mais le programme de 1972 présentait cet objectif comme une étape préalable « pour ouvrir la voie au socialisme » (1) Ce qui n’est pas le cas du FDG quarante plus tard.

Pour sa part la direction du NPA cantonne la campagne Poutou à : « faire entendre le mécontentement du monde du travail, de la jeunesse, ouvrir une perspective hors des alliances parlementaires et gouvernementales, défendre un bouclier social face à la crise, redonner confiance en combinant démarches unitaires et indépendance politique. Nous voulons convaincre un maximum de gens que la solution réside dans la nécessité de construire les mobilisations pour résister à toutes les politiques d’austérité quel que soit le résultat des élections. » (2) Pour Lutte ouvrière, les travailleurs étant toujours démoralisés, la question ne se pose même pas.

Il est vrai qu’une campagne électorale n’a pas pour objectif de présenter le programme achevé pour la révolution prolétarienne à supposer qu’un tel programme existe. Mais, une campagne électorale s’interdit de générer des illusions, elle soulève l’enjeu effectif du moment considéré de la lutte des classes. Cet enjeu réside dans l’état de crise. Il ne s’agit ni d’une crise économique de plus, quoique plus grave que les précédentes, ni d’une crise politique de plus. Il s’agit d’une crise systémique. Et l’Union européenne est devenu le maillon faible de la chaîne impérialiste en crise.

L’offensive libérale depuis le coup d’Etat de Pinochet – en passant par la restauration du capitalisme en URSS – a ravagé la planète. Toutes les résistances se sont partout heurtées à l’inflexibilité du système, à la propagande de l’impossibilité de faire autrement. On ne peut pas y faire face avec des mesures qui laissent intactes les rouages du système capitaliste. On ne peut y faire face en se limitant à voter ou à défiler plusieurs fois par an. On ne peut pas y faire face en résistant à l’austérité permanente et à la tentation de l’autoritarisme politique qui commence par changer les gouvernements grec et italien en bafouant le suffrage universel.

La bourgeoisie forme un système centralisé d’une part comme « puissance sociale » (3) et d’autre part dans le cadre de l’Etat autrement dit « le pouvoir politique » qui « est précisément le résumé officiel de l’antagonisme dans la société civile » (4). Ce qui implique un long et patient travail politique pour démonter pierre par pierre les stratégies que la bourgeoisie met en action, pour démystifier l’authentique pouvoir (celui de la classe dominante) et pour désacraliser le système, c’est-à-dire en finir avec la thèse officielle qu’il n’y a pas d’autre choix. L’heure n’est plus à vouloir humaniser le capitalisme. L’heure n’est pas à attendre la prochaine agression pour y résister. Pour les exploités, l’heure est à inventer un projet alternatif pas pour un lointain futur mais pour ici et maintenant.

Emile Fabrol

1.- Editions sociales, page 49.
2.- Résolution adoptée le 25 mars 2012.
3.- Marx et Engels, Le Manifeste du parti communiste. Editions sociales, 1961, page 28.
4.- Marx, Misère de la philosophie, La Pléiade, Oeuvres économiques I, page 136.

 

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Présidentielle : Dehors Sarkozy !

finance prométhée

ce n'est pas la crise pour tout le monde !

Les exigences du capital financier sont de plus en plus claires: paiement de la dette et donc réduction des dépenses sociales, destruction des systèmes de protection sociale, baisse des retraites, flexibilité accrue du marché du travail et baisse des salaires. Ce qui signifie, comme en Grèce, la paupérisation absolue de la majorité de la population. Cette politique a déjà été largement entamée par Sarkozy. Elle est rejetée par la grande masse des travailleurs, des chômeurs et des jeunes, comme l’a montré leur combat contre sa politique ces cinq dernières années. Dans ce combat, ils ont montré qu’ils ne veulent pas de l’austérité, de toute austérité, et qu’ils veulent défendre leur droit à une vie correcte , ce qui passe par l’abrogation de toutes les mesures antisociales de Sarkozy, par l’augmentation des salaires et des retraites, par l’interdiction des licenciements, et par la mise en oeuvre d’une politique de remise en cause radicale du capital financier dont l’acte fondateur sera le refus de payer la dette et la rupture avec tous les traités européens.

La politique du capital financier est aujourd’hui mise en oeuvre par Sarkozy et elle sera aggravée après sa réélection par la remise en cause du rôle des organisations syndicales avec l’utilisation de l’arme du référendum. C’est pourquoi, le combat contre l’austérité nécessite de le dégager, lui et son parti politique : l’UMP. Pour les travailleurs, prenant appui sur les appels de la CGT et du SNES, à battre Sarkozy, il n’est évidemment pas question de voter pour Le Pen, Bayrou ou Dupont Aignan, qui sont, chacun à leur façon, des ennemis ouverts de la classe ouvrière et de la jeunesse.

Pour préparer la défaite de Sarkozy, au premier tour, les travailleurs, selon leur sensibilité, voteront pour les candidats qui expriment leur volonté de battre la droite et l’extrême droite, c’est-à-dire pour François Hollande, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou ou Nathalie Artaud. Au deuxième tour, ils voteront pour celui de ces candidats qui sera opposé à Sarkozy, non en soutien à son programme, mais parce que le combat contre toute austérité passe par une première défaite de cette même austérité et donc par la défaite de Sarkozy.

Albert Savani

 

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Austérité permanente et Régime autoritaire

« Pour supprimer l’idée de la propriété privée, l’idée du communisme suffit entièrement. Pour supprimer la propriété privée réelle, il faut une action communiste réelle. »
Karl Marx (1)

Dégager Sarkozy - Prométhée Club MarxisteCommençons par tordre le cou à la dernière trouvaille du Président-candidat pour sauver le pays (après avoir déjà sauvé le monde). Le mal dont souffre le pays serait le « coût du travail ». On pourrait lui rétorquer simplement que les causes de ce mal résident plutôt dans le coût du capital qui parasite l’activité des travailleurs-producteurs. Les propositions de Nicolas Sarkozy sont une offensive généralisée contre le monde du travail. Cette offensive, après deux plans successifs de rigueur de 2011, passe par une étape décisive dans le processus d’étatisation-privatisation de la Sécurité sociale avec le transfert d’une partie des cotisations vers la TVA, cet impôt indirect, réputé indolore et surtout injuste. Cette offensive se poursuit par le projet dit « compétitivité emploi » qui n’est rien d’autre qu’un grand pas en direction de la liquidation du droit du travail. C’est exactement ce que dit le Président au Figaro magazine du 11 février : « si dans l’entreprise, les salariés et le chef d’entreprise se mettent d’accord sur l’emploi, le salaire et la flexibilité, alors leur accord aura autorité sur la loi et primera sur le contrat de travail individuel. » Et pourtant son principal conseiller, Henri Guaino, l’avait prévenu : « lorsque l’équilibre du marché du travail ne garantit plus l’équilibre des forces dans la négociation, la loi du contrat devient fatalement la loi du plus fort », c’est-à-dire du patronat. Il est vrai que c’était en… 2004 (2). Tout salarié sait qu’il n’est pas sur un pied d’égalité avec son patron, c’est pour cela que les travailleurs se sont regroupés en syndicats pour tenter d’imposer des conventions collectives ou des statuts à leur employeur privé ou public.

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De la Guerre urbaine à la Ville en Guerre

Paris 1848 Prométhée Club MarxisteL’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire (IRSEM) et l’Université Paris Sorbonne IV organisaient le 10 janvier dernier une conférence intitulée « De la guerre urbaine à la ville en guerre ».Tout les passages en italiques de ce texte ne sont que des citations exactes et précises des deux chercheurs (une civile et un militaire (colonel)) s’étant exprimés à cette occasion. Il est à noter que ces deux observateurs décrivent des processus qu’ils ne cautionnent pas.

Faire la guerre en ville ou à une ville n’est pas un fait historique nouveau. Cependant les modalités d’intervention de la guerre urbaine sous forme d’actions coercitives consistant à « prendre la ville », puis à la contrôler font que cet espace humain est devenu ce que certains qualifient de « bourbiers urbains », pour les armées de l’OTAN (comme celle de la Russie en Tchétchénie). Pour les militaires et les chercheurs, il en est ainsi parce que dans un monde post Union soviétique,  « les acteurs de la déstabilisation », qui sont les nouveaux ennemis ont réinventé ce lieu de pouvoir économique, politique, religieux, scientifique où se concentrent populations, services, autorités publiques et forces de l’ordre.

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Russie : Préparer la seconde vague

Boris Kagarlitsky ProméthéeDe grands mouvements de protestations se sont déroulés en décembre dernier à Moscou et Saint-Pétersbourg, contre le trucage des élections à la Douma. Pour l’information de nos lecteurs nous reproduisons la traduction de l’interview accordé par le socialiste russe Boris Kagarlitsky (Directeur de l’Institut de la Globalisation et des Mouvements Sociaux, Russie) à l’hebdomadaire Weekly Worker (Communist Party of Great-Britain – CPGB). [Traduction JME].

WW :Il semble que le mouvement a été très diffus, l’extrême-gauche se trouvant au coude à coude avec l’extrême-droite et les nationalistes. Comment caractériserais-tu cela ?

BK : Depuis quelques années il y a eu un mécontentement croissant par rapport au système actuel parmi les gens -dans ce sens l’effet de la crise économique et sociale a été plus ou moins le même que dans d’autres pays. Mais dans le cas de la Russie nous n’avons pas vu auparavant d’expression active de ce mécontentement. Des millions de gens étaient en colère mais cela ne se traduisait pas en action politique.

De ce fait une partie de l’élite s’est imaginée que les Russes, pour quelque raison culturelle ou psychologique, sont simplement incapables de protester. Les intellectuels pour leur part avaient tendance à expliquer cette anomalie par la peur. Quoi qu’il en soit aucune de ces deux explications n’était correcte. Alors que la population était si passive qu’elle semblait être paralysée, cette situation ne pouvait pas perdurer pour toujours.

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Bonne Année 2012 !

En vitesse accélérée, aux accents mensongers de la défense de la protection sociale et de l’emploi, aux intonations cocardières sur le « produisons en France» et en misant sur l’effet anesthésiant de la perspective de l’élection présidentielle : le Président et son gouvernement veulent instaurer une TVA dite « sociale ».

De quoi s’agit-il exactement ? Après des décennies d’exonération sur la part dite « patronale » de la cotisation sociale (partiellement compensée par le budget de L’État), le Président se prépare à satisfaire une vieille revendication du MEDEF : diminution des cotisations contre augmentation de la TVA. Cela se traduira concrètement par une double baisse du pouvoir d’achat pour la population laborieuse dans son ensemble. Indirectement c’est une réduction du salaire socialisé (la cotisation sociale) entraînant de nouvelle coupes sombres dans les remboursements. Directement l’augmentation de la TVA – l’impôt le plus injuste – entraînera une augmentation des prix, y compris ceux des produits de première nécessité.

Il s’agit d’un acte de guerre sociale !
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Des milices privées dans les quartiers populaires

poing levé prométhée site communistepremière mise en ligne le 27 décembre 2011 sur http://promcomm.wordpress.com

Le décret du 21 décembre 2011, où comment créer et développer massivement des milices privées pour contrôler les quartiers populaires.  A la veille de Noël, François Fillion a signé un décret qui est passé presque inaperçu. Pourtant, ce texte ouvre la porte à un renforcement sécuritaire inédit, par l’intermédiaire d’acteurs privés.  En effet, les gestionnaires d’immeubles collectifs d’habitation sont désormais autorisés à détenir des armes de 6ème catégorie pour assurer des missions de gardiennage et de sécurité.

L’habitat collectif, on le retrouve concentré dans les quartiers populaires. L’Union Sociale de l’Habitat à-elle-seule regroupe un parc de 4,2 millions de logements (dont 26% en Zone Urbaine Sensible) permettant de loger 10 millions de personnes (un français sur six !).

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