Le 14 octobre, sur le plateau de l’émission d’Yves Calvi (France 2), Nadine Morano, éminente dirigeante de l’UMP (Union pour un Mouvement « Populaire ») affirme qu’il existe des quartiers de « Non France » sans qu’aucun des participants ne s’étranglent. Deviendrait-il banal dans le pays des Lumières d’afficher des opinions cultivant le pire chauvinisme aux conséquences incalculables ?
Après le discours de Dakar, où Nicolas Sarkozy considérait que les Africains n’étaient pas entrés dans l’histoire (bref qu’ils étaient encore des êtres pré-historiques), après la nauséabonde campagne sur l’identité nationale, après le pseudo historien Lorànt Deutsch décrivant des hordes de Mauresques envahissant la France chrétienne, voilà Nadine Morano qui laisse entendre que ces derniers occupent des zones du pays. Nous sommes aux antipodes de la réalité historique et de l’actuelle, mais qu’importent les faits, seuls comptent les effets.
Dans ce contexte il existent des honnêtes gens pour s’étonner, voire s’inquiéter, de la polarisation de la vie politique officielle par le FN. Trente années d’alternance gauche-droite, deux périodes de cohabitation harmonieuse et une continuité politique : servir le Capital ! Voilà le terreau sur lequel prospère l’extrême-droite.
Pour le moment, sous la houlette du Président Hollande, le tandem PS-EELV maîtrise la situation et – grâce à la complicité des directions syndicales se vautrant dans le « dialogue social » – contient le mécontentement de la masse exploitée.
Il n’en sera peut-être pas toujours ainsi. Si les groupements traditionnels du mouvement ouvrier sont passés maîtres dans l’organisation des processions de rues sans objectif véritable, le sport favori de la classe dominante c’est les échecs. Et elle a toujours un coup d’avance. C’est ainsi que la direction du FN réussit à masquer sa véritable nature et que de nombreux chefs de l’UMP se radicalisent dans le cas où la bourgeoisie française éprouverait le besoin d’avoir recours à un régime autoritaire.
La peur n’évite pas le danger. Ménager le Président Hollande et les partis de son gouvernement ou pire passer des accords avec ceux-ci dès le premier tour des prochaines municipales encore moins. Les victimes du Capital devront trouver en elles-mêmes les moyens de se constituer en classe ouvrière, c’est-à-dire en classe révolutionnaire. Cela passe par une indépendance politique et une opposition frontale au système de production capitaliste et à tous ses serviteurs.
Emile Fabrol