et collaboration de classes (partie 2)

par Henry Nowak

Publié le 4 novembre 2013

Affiche PCF de 1951

Voici la deuxième partie de notre excursion dans les marais nauséabonds du social-patriotisme et de sa compagne obligée, la collaboration de classe. Nous poursuivons donc notre lecture de l’Humanité des cinq derniers mois de 1935.  Bien sûr, nous avons extrait de l’organe du Parti communiste français ce qui se situait dans le champ de notre exposé. L’Humanité a, ces mois-là, abondamment traité d’autres sujets, en particulier, sur le plan intérieur, on assiste à un feu de barrage constant et nourri contre non pas tant le gouvernement mais contre Laval, et contre les ligues fascisantes en général et les Croix de feu du colonel de La Rocque en particulier. Une très grande place est aussi donnée au processus d’unification des deux centrales syndicales, la C.G.T social-démocrate ou planiste et la C.G.T.U. sous influence communiste. Sur le plan international, c’est l’agression de Mussolini contre l’Ethiopie qui est au premier plan. Les succès de la construction de l’Union soviétique, la répression sanglante que subissent communistes, socialistes et syndicalistes en Allemagne, le conflit sino-japonais sont d’autres thèmes souvent traités. Et une place non négligeable, ce qui semble aujourd’hui étonnant, est faite aux exploits des pionniers de l’aviation. Les faits divers et le sport ne sont pas négligés.

Nous espérons pouvoir compléter plus tard ce survol de l’organe officiel du Parti communiste par une lecture de ses publications destinés aux cadres, en particulier « Les Cahiers du Bolchevisme » qui, comme l’Humanité, sont disponibles sur le site de la Bibliothèque nationale.

***

Août 35, nombreuses grèves contre les décrets-lois de Laval, nombreux incidents, à Brest, à Toulon, il y a des morts.

Le 10 août, devant les secrétaires régionaux du parti, Duclos se félicite :

« …Dernièrement les travailleurs du 20e ont salué la présence de Déat à la même tribune que le représentant de notre Parti. (…) Le maire de Bordeaux, Marquet, prend place avec son organisation dans le Front populaire. Nous saluons cette adhésion. Et nous espérons de nouvelles adhésions d’hommes et de groupements qui situés même à la droite du Parti radical ont leur place dans le Front de la liberté. »

Rappelons que Déat et Marquet, « néo-socialistes », allaient après juin 1940 se retrouver parmi les collaborateurs les plus acharnés des nazis.

Puis, après avoir rappelé ce à quoi se réduisait alors le programme du P.C.F. : faire payer les riches par l’impôt, ce qui permettrait de financer des grands travaux (nous aurons l’occasion de revenir sur cet aspect du programme du parti), Duclos passe aux choses sérieuses :

« Les événements internationaux nous font l’obligation de veiller plus attentivement que jamais à la sauvegarde de la paix. Cette sauvegarde s’exprime dans le respect du pacte d’assistance mutuelle franco-soviétique qu’il serait souhaitable de voir contresigner par Hitler. D’aucuns présentent le pacte franco-soviétique comme étant dirigé contre l’Allemagne. Ce pacte est ouvert à tous. Et nous, qui aimons le peuple allemand que représentent THAELMANN et des milliers d’antifascistes enfermés dans les prisons et les camps de concentration, nous saluerions avec joie la signature du pacte d’assistance mutuelle par le maître momentané de l’Allemagne : Hitler. L’adhésion de Hitler au pacte de paix serait accueillie par tous les peuples sans exception comme un grand soulagement. »

Jean Bruhat, dont on a vu que les articles « historiques » ont souvent pour fonction d’annoncer, illustrer et justifier une inflexion de tendance, salue le 27 août des thèses sur la guerre de l’Internationale socialiste, texte signé entre autre par Jean Zyromsky, Otto Bauer et Friedrich Adler. Bruhat approuve la ligne générale du texte, sauf, on s’en doute, les passages critiques sur le régime interne de l’URSS. Il s’indigne entre autre à l’idée qu’en cas de guerre les opposants emprisonnés devraient être libérés. Mais notons ce passage : « Enfin si ces thèses protestent à juste titre contre l’idée d’une guerre préventive contre l’Allemagne, elles ne dénoncent pas assez, à notre sens, le chauvinisme antiallemand contre lequel nous devons nous élever avec une grande vigueur. » Dont acte.

Mais le contexte fait qu’il n’est que légitime de se demander si cette invocation de l’internationalisme n’est pas de la même eau que la rituelle mention des soviets sous la plume de Jacques Duclos, quand il écrit le 2 septembre :

«… le parti radical dont nous n’ignorons ni les faiblesses, ni les contradictions, mais dont nous savons qu’il joue dans la politique de ce pays un rôle de la plus haute importance. C’est pourquoi d’ailleurs nous avons toujours évité de faire quoique ce soit qui gène l’entrée de ce parti dans le Front populaire, au contraire. Les masses ouvrières de France comprennent que nous, communistes, qui ne dissimulons pas notre objectif d’instauration des Soviets en France, nous avons voulu mettre tout en œuvre pour empêcher le triomphe du fascisme. Nous avons conscience de servir ainsi les intérêts du peuple français (…) Nous pouvons ajouter que si le parti radical constituait un gouvernement décidé à appliquer son programme, il bénéficierait d’un prestige énorme dans les masses populaires de ce pays. Pour notre part nous saurions agir en semblable circonstance de manière à ce qu’un tel gouvernement ne soit pas à la merci de la réaction. »

Jean Bruhat, encore lui, faisant, le 10 septembre, le parallèle entre la conférence de l’Association Internationale  des Travailleurs de septembre 1865 avec le VIIe Congrès de la Troisième Internationale qui venait de se tenir à Moscou, émet un léger fumet d’anti-germanisme. On apprend ainsi, qu’à Londres, « Karl Marx qui considérait les délégués français comme de « gentils garçons » voulut discuter avec eux en toute cordialité. » Gentils Français et méchants Allemands car « L’Allemagne n’était représentée que par l’intermédiaire des émigrés, car Marx, Engels et W. Liebknecht avait (sic) du rompre avec l’Union ouvrière générale trop empressée à faire l’éloge de Bismarck. »

Son alignement sur la politique stalinienne, impliquait, pour le Parti communiste de limiter son action à la constitution d’une alliance des forces antifascistes (Front populaire interclassiste) à l’intérieur et à la lutte pour la paix à l’extérieur, tout en préparant une éventuelle participation française à une nouvelle guerre à condition qu’elle fût aux côtés de l’U.R.S.S.

Cette politique conduit Jacques Duclos à déclarer le 11 septembre, à la veille donc de l’attaque italienne contre l’Abyssinie, à une réunion d’information des communistes de la région parisienne :

« Toutes les puissances qui veulent la paix doivent s’unir pour empêcher la catastrophe. Ah ! sans doute nous savons que seule l’U.R.S.S. est désintéressée et est animée d’une volonté de paix qui ne comporte aucune arrière pensée, mais quelles que soient les préoccupations de l’Angleterre qui veille sur la route impériale, son intérêt en ce moment la pousse à défendre la paix et le rôle de la France doit consister à s’associer aux pays qui veulent le respect du pacte. (…) En présence d’une situation dans laquelle notre pays est humilié de la pire des manières notre devoir à nous, travailleurs français est de lutter pour la défense de la paix. »

Duclos écarte (« pour le moment ») un gouvernement de Front populaire, il veut seulement un gouvernement de gauche (c’est-à-dire essentiellement un gouvernement du Parti radical, or rappelons-le, et Duclos évoque la question d’un ton gêné dans son discours, le gouvernement Laval comporte plusieurs radicaux, dont Edouard Herriot Ministre d’Etat, Joseph Paganon Ministre de l’Intérieur, Marcel Régnier Ministre des Finances et Georges Bonnet Ministre du Commerce et de l’Industrie). Le programme de ce gouvernement de gauche c’est plus ou moins le programme du Parti radical, et la formule du financement « faire payer les riches » sous son nom ronflant n’est qu’un impôt sur les grosses fortunes, dont Duclos se fait un plaisir de trouver des antécédents chez Casimir Périer, Poincaré, et autres politiciens de droite. Le parti communiste avait fortement mobilisé contre les décrets-lois de Laval, qui assenaient sur la classe ouvrière, coup de massue après coup de massue, toute une série de mesures d’austérité. Si l’abrogation des décrets-lois figurerait au programme d’un gouvernement de gauche tel que le souhaite le Parti communiste, cette mesure, pourtant présentée auparavant comme vitale pour la classe ouvrière :

« …nous ne pensons pas qu’on puisse dire que seuls sont antifascistes ceux qui luttent contre les décrets-lois. (…) Et quand nous ne parvenons pas à obtenir contre les décrets-lois une unité d’action aussi puissante que nous le voudrions, personne parmi nous ne songe ni à douter de l’antifascisme de certains ni à souhaiter une telle rupture. Nous serions heureux de voir toutes les formations du Front populaire décidées comme nous à lutter contre les décrets-lois, mais cela n’est pas pour le moment, et malgré tout, il faut garder intact le Front de la liberté. »

Et, aucun discours de Duclos ne saurait être complet sans une attaque contre « les trotskystes qui, incapables de comprendre rien à rien, ne voient que trahison dans tout ce qui n’est pas eux… » Mais c’était pour justifier une éventuelle ouverture à des éléments de l’Alliance démocratique, le parti de Pierre-Etienne Flandin, futur ministre de Pétain car « on écoute parfois d’une oreille trop attentive les conseils sectaires qui viennent très souvent d’à côté… » or « il nous faut vaincre le sectarisme qu’on retrouve dans différents domaines de notre activité, y compris dans les municipalités… » Apparemment, tous les membres du parti ne digéraient pas sans problèmes la grosse couleuvre qu’on les avait forcés à avaler.

Dans la manière dont le P.C.F. traite de la situation en Allemagne, on retrouve en filigrane le discours que tenait le Parti socialiste en août 14 et tout au long de la guerre : bien sûr, ce n’était pas contre le peuple allemand que l’on appelait les ouvriers et paysans français à se battre, au contraire, il s’agissait de défendre la patrie contre l’agression du Kaiser et de la réaction allemande. Et c’est avec beaucoup d’intérêt que les sociaux-patriotes suivaient le développement d’une opposition à la guerre au sein du parti social-démocrate allemand. Tout naturellement que ce trope va servir dans une situation qui, du moins sur le plan géostratégique, rappelle celle de vingt-ans auparavant. Ainsi Vaillant-Couturier, traitant du congrès nazi de Nuremberg, le 17 septembre 35, dans un article-éditorial par ailleurs d’une grande force et porteur d’une émotion que l’on sent sincère tient un discours dont Jaurès aurait été fier, mais totalement dénué de toute perspective de classe. Ce texte vaut d’être reproduit dans son intégralité :

« Le fou furieux de Nuremberg

La lecture des comptes rendus du Congrès de Nuremberg, de la séance du Reichstag et des démonstrations militaires qui ont clôturé les grandes journées nazies, produit une sensation de vertige.

Au simple point de vue humain, d’abord.

On ose à peine croire à la réalité de la régression culturelle dont témoignent les discours prononcés, les lois édictées, les perspectives ouvertes.

On ne sait ce qui l’emporte, de la bassesse, de la grossièreté ou de 1’absurdité des discours sur les juifs, le bolchevisme et la « race », acclames par les fonctionnaires du national-socialisme.

Il y a dans la suffisance des forcenés nazis de Nuremberg quelque chose de ce fou parricide qu’on arrêtait il y a deux jours et qui, au gendarme lui demandant pourquoi il avait tué son père et sa mère, répondait avec une fierté concentrée « Parce que je suis un être ignoble ! »

« Guerre aux juifs et armons-nous ! »

C’est tout ce que présente, en définitive, à l’infinie détresse du malheureux peuple allemand, Hitler et son équipe, au premier rang de laquelle figure, le pornographe antisémite Streicher.

La pompe des spectacles que le national-socialisme s’offre à lui-même et offre à ses complices internationaux présents à Nuremberg (et parmi lesquels nous avons la tristesse de voir figurer des Français) dissimule mal la réalité de la crise économique, financière et politique que traverse 1′Allemagne.

Et c’est ici qu’apparait l’aspect le plus immédiatement tragique de ce que les Izvestia appellent la « foire de Nuremberg ».

Le crime des fascismes c’est, en prétendant faire « jeune » et faire « neuf », au prix de sacrifices monstrueux et d’une épouvantable mise en marche arrière de la culture, d’aggraver partout la crise où les peuples qu’ils dominent se débattent.

Et la crise jette automatiquement les fascismes, traqués par leurs difficultés intérieures, dans la guerre.

Les déclarations de Hitler, encouragé par le mépris que le Duce accuse à l’égard de la S.D.N. à propos de l’Ethiopie, s’appuient, quand le Führer parle Memel et de la Lithuanie, sur la renaissance du militarisme allemand et de l’armée allemande consacrée hier sur le champ de manœuvre de Nuremberg.

Glorification de la force !

Fruits amers des excès de la victoire et de l’humiliation des vaincus…

Mais à quoi bon récriminer.

La paix mondiale est mise en danger par le fascisme international.

Fascistes d’Allemagne, de Pologne, de France, d’Italie s’accordent pour cette affreuse besogne de l’organisation d’un massacre où le capitalisme croit devoir jouer la dernière chance du monde à l’envers…

Les journées de Nuremberg, qui traduisent la haine délirante du bolchevisme et la vo1onté d’agression contre l’Union soviétique (quelles que soient les phrases hypocrites prononcées sur la paix) sont, de ce point de vue, applaudies par la presse profasciste de France. Les Débats approuvent le Führer.

C’est que l’U.R.S.S. représente aujourd’hui — et le discours de Litvinov rapproché des harangues de Nuremberg rend cela encore plus sensible – la grande volonté de paix du monde.

Seul, Litvinov à Genève a encore osé parler de désarmement et déclarer que l’U.R.S.S. était toujours prête à en examiner la possibilité.

En attendant, sa politique de pacte de garantie mutuelle largement ouvert à tous, reste — n’en déplaise aux colonels polonais – la seule ressource qui s’offre, en l’état actuel de l’Europe, aux peuples qui désirent la paix. Respect des Traité… Respect du pacte de la S.D.N.

Devant le déchaînement hitlérien et la volonté d’agression mussolinienne, sachons apporter à la politique de paix de l’U.R.S.S. l’appui sans réserve, 1’appui unanime du véritable peuple français directement menacé, l’appui du Front populaire.« 

Le lendemain, dans un autre éditorial, dans une autre envolée lyrique, P. Vaillant Couturier, dans une compréhensible et fort rationnelle angoisse devant le danger que représentait la barbarie fasciste (et offrant un fort pertinent contraste entre les phantasmes de retour à l’antiquité romaine ou germanique des fascistes et la modernité) en vient presque à critiquer la politique de l’Union soviétique : « Proposer encore une fois et solennellement le désarmement général et simultané comme l’a fait Litvinov c’est bien. Mais quand des déments en armes parcourent le monde, la plus immédiates garantie réside dans la force des accords conclus par les nations pacifiques pour sauvegarder la paix, à condition que les peuples réalistes, soient prêts à donner tout leur appui pour exiger le respect de leur volonté. »

Ayant abandonné toute perspective de révolution prolétarienne, ayant remisé au fin fond d’un placard le dernier fragment du programme communiste auquel il pouvait encore tenir, le pauvre Vaillant-Couturier n’a plus d’autre recours que d’en appeler à une nouvelle Entente contre les barbares.

Alors que Mussolini est sur le point d’envahir l’Abyssinie, est qu’à Genève, siège de la Société des Nations ont lieu d’ultimes tentatives de négociations, le langage devient de plus en plus « bleu-blanc-rouge ». Vaillant-Couturier, le 21 septembre :

« …rien ne nous autorise à considérer M. Laval (…) comme défendant les intérêts de la France.

(…) Nous avons trop le sentiment de la dignité de notre pays pour estimer que la France puisse être représentée par un homme qui (…) fait attaquer ses plus immédiats collaborateurs…

La question du régime intérieur de l’Italie n’est pas en cause pour nous dans cette affaire.

Le Front populaire met au-dessus de tout l’intérêt du peuple de France qui se résume en un seul mot : la paix.

(…)

L’un des griefs les plus sérieux que le Front populaire peut en effet opposer à M. Laval, c’est (…) d’avoir mis la nation française dans une position diminuée.

(…)

La France mérite mieux que ce négociateur de catastrophe !

Le 4 octobre, lendemain de l’entrée des troupes fascistes en Ethiopie, L’Humanité arbore un énorme titre en lettres capitales : « A BAS LA GUERRE ! » Il n’est plus question d’internationalisme prolétarien, de solidarité ouvrière. Paul Vaillant-Couturier :

« La France qui veut la paix saura, malgré tout le mépris indigné que lui inspire l’agression fasciste, conserver son sang-froid et agir au mieux de ses intérêts qui se confondent aujourd’hui avec ceux de l’humanité.

(…)

La démence collective, fruit de la démence fasciste, cédera. La sœur latine retrouvera sa vraie figure. Nous tendons dès aujourd’hui la min à cette Rome fraternelle.

A bas la guerre ! »

Le même jour, on peut lire dans le P.V. de la réunion du 3 octobre du Bureau politique du Parti : « Le Parti communiste ne saurait se résigner à l’idée de la guerre. Il entend tout faire pour sauver la paix, pour éviter à tout prix que notre pays soit entrainé dans un conflit sanglant qui serait un désastre pour la France entière. Une conjonction loyale des efforts pacifiques de la France, de l’Angleterre et de l’U.R.S.S. peut sauver la paix. »

Le 6, Marcel Cachin commet une « Lettre à un Volontaire National », qui est une perle du genre. Rappelons que les Volontaires Nationaux, ce sont les Croix de Feu du Colonel de La Rocque, que l’Humanité met à longueur de colonne dans le même sac que les chemises noires italiennes et les chemises brunes hitlériennes.

La lettre commence par « Cher camarade » …

On peut, entre autre, y lire :

Si je traduis bien votre pensée, il y a à l’origine de votre enrôlement dans les « Volontaires nationaux » le désir ardent de mettre un terme aux divisions qui déchirent notre pays, qui l’affaiblissent et le diminuent au regard des autres nations.

Vous avez cent fois raison ! Vos préoccupations sont celles des communistes qui travaillent de leur mieux à réconcilier le peuple avec lui-même.

Les responsables de ces divisions de la nation ?

Deux cents familles privilégiées s’enrichissent des malheurs du pays, dressent les Français les uns contre les autres, spéculent avec les oligarchies financières internationales et ne pensent qu’à une seule chose : leur profit.

(…)

Ces deux cents familles maintiennent au bénéfice d’une oligarchie la lutte de tous contre tous, l’opposition des intérêts et la guerre des classes.

Les voilà, ceux qui divisent le peuple ! Les voilà ceux dont la néfaste domination est faite de la désunion de la France !

Les 200 familles, donc et :

C’est à cause de l’égoïsme des riches que la propriété de ceux qui peinent durant toute leur existence est attaquée et menacée de ruine définitive par les monopoles, les trusts, les usiniers et les spéculateurs.

Et après avoir exposé le programme du Parti pour « faire payer les riches » (impôt sur les grosses fortunes et impôt progressif sur le revenu), Marcel Cachin nous offre cette tirade :

Notre pays a connu des périodes de grandeur. Personne parmi nous ne contestera l’éclat de la France des trois derniers siècles avec sa pléiade de philosophes, d’écrivains, de poètes et d’artistes. Et personne non plus ne saurait oublier la grandeur de la France de la Révolution, qui porta aux peuples la liberté et jeta bas une monarchie gangrenée de compromis et de trahisons.

Comme nous, vous êtes fier, j’en suis sûr, de ces soldats de l’An II dont les drapeaux tricolores furent victorieux à  Valmy et dont le courage vint à bout des traitres de Coblentz, luttant contre la France avec l’ennemi.

Et ne voulez-vous pas comme nous une France libre, sur qui ne pèsera plus l’esclavage financier ?

Ne voulez-vous pas comme nous une France fraternelle où chacun pour travailler et manger à sa faim.

Ne voulez-vous pas comme nous une France forte de la conscience qu’aura le peuple de son union et de la nécessité de la maintenir envers et contre tous ?

Ne voulez-vous pas comme nous une France pacifique travaillant à l’union des peuples pour la paix ?

Sachez-le bien, nous voulons cela du fond de notre âme, du meilleur de notre énergie tendue et prête au sacrifice.

Nous ne connaissons pas d’ennemis dans le peuple de France.

Ce texte reflète tellement la politique du PCF qu’il fut édité séparément sous forme de tract et que le Comité central, réuni quelques semaines plus tard, « se réjouit de l’initiative qu’a prise le camarade Cachin ».

Le 8, nous apprenons que ces mêmes Croix de Feu, auquel le vieux Cachin faisait la cour, ne sont que des « ennemis du peuple, agents de l’étranger » fomentant « un complot contre les populations laborieuses de France » (sous titre de l’article de première page « Laissera-t-on longtemps le colonel comte de La Rocque faire tirer sur des Français »).

Le 9, devant l’escalade des menées fascistes, le PC n’appelle pas à l’organisation de la résistance ouvrière, non, il dénonce « Le complot des ennemis du pays ». Mais que l’on se rassure : « Contre le complot des agents de l’étranger et de l’aventurier, également soumis aux désirs des Mussolini et des Hitler, l’unité de la nation se forme. »

Le 13, de nouveau, on peut lire en première page et en gros caractères majuscules : « Halte aux factieux agents de l’étranger » sous le surtitre : « Les ligues armées contre la Nation ».  Le même numéro de L’Humanité, publie la suite du discours prononcé par Thorez Salle Wagram le 7 octobre, sur le 7e Congrès de l’Internationale communiste. Appliquant la constante tactique opportuniste consistant à réaffirmer haut et fort les principes pour, dans le même souffle, les bafouer, Thorez clame :

Nous les prolétaires révolutionnaires, les communistes, nous sommes les frères des prolétaires, des opprimés de tous les pays. Nous luttons ensemble, la main dans la main contre les exploiteurs de tous les pays, en premier lieu contre ceux de notre propre pays.

Mais … et nous devons citer le passage en entier, tant il est significatif :

Déjà à la Conférence d’Ivry, en juin 1934, le comité central a proclamé :

Nous communistes, nous .aimons notre pays.

Nous aimons notre pays. Nous sommes fiers du grand passé du peuple de France. Nous sommes fiers de la grandeur passée de notre pays.

J’ai dit, à la Muette : « Nous prolétaires communistes, nous sommes fiers de cette époque où le nom de la France signifiait à travers le monde : culture, liberté, aide aux opprimés, soutien des peuples asservis contre leurs tyrans. Et nous voulons assurer à notre pays, après ces temps de médiocrité et de misère, un nouvel avenir de prestige et de rayonnement pacifique ».

J’ai alors cité une page de Jaurès que je vous demande la permission de vous lire :

« La première des nations de l’Europe continentale (la France), elle avait été organisée, et sa force concentrée avait été par là-même une force rayonnante, rayonnement de puissance, rayonnement d’orgueil, rayonnement de pensée, rayonnement de générosité, rayonnement de violence, les Croisades, la catholicité française du XITIe siècle, la primauté insolente et radieuse de Louis XIV, l’universalité de l’Encyclopédie, la Révolution des Droits de l’homme, enfin l’orage napoléonien qui fécondait l’Europe en la bouleversant. »

J’ai dit aux fascistes : «  Voilà ce qu’a été notre pays. Mais maintenant,  la bourgeoisie capitaliste en déclin et le fascisme conduisent à l’amoindrissement et à l’isolement du pays. Les 200 familles privilégiées qui gouvernent le pays divisent notre peuple et le conduisent à la catastrophe. Ici même, dans cette élection municipale une demi-douzaine de candidats réactionnaires se disputent les suffrages de la population de ce quartier. Eh bien, nous, communistes, nous voulons unir le peuple de France. Et nous souffrons de tout ce qui diminue notre peuple, notre pays.

Il y a quelques semaines, dans une compétition internationale sportive, l’équipe française a été lamentablement battue. Beaucoup de Français ont été très mécontents. Les communistes français partagent leurs sentiments.

Mais examinons les causes de cette infériorité.

C’est le profit, c’est l’esprit de lucre du capitalisme qui intervient ici aussi pour entraver le développement des  sports et l’avilir au point d’en faire la source d’odieux bénéfices.

C’est aussi l’intervention des fascistes et des   réactionnaires qui s’efforcent d’éliminer les meilleures   forces sportives, les plus beaux athlètes. Il n’y a pas les possibilités  d’un véritable entrainement, il n’y a pas de stades, de piscines mises à la disposition des sportifs ; il n’y a pas un effort pour une sélection honnête et profitable au pays. Le cas Ladoumègue est significatif.

Il faut changer cela. Qui changera ? Le peuple, guidé par les communistes.

Si on ne peut s’empêcher de voir la continuité de certains thèmes mis en avant par les opportunistes de l’époque, la suite du discours fleuve de Thorez (publiée le 14 octobre) a un côté désuet. Qui aujourd’hui parlerait des « papas » et des « mamans », de « peuple dégénéré » ou de « bourgeois stériles et avariés » (quoique cette dernière invective nous plaise assez) :

La natalité décroît

Mais voyons une autre question. Les statistiques nous indiquent que la natalité ne cesse de décroître en France. Voici des chiffres publiés dans le Journal des Débats

« Pendant le deuxième trimestre 1935 on a enregistré en France environ 10.000 mariages de moins, 8.000 naissances de moins et 7.000 décès de plus que pendant les trois premiers mois de 1934, ce qui correspond à une situation peu favorable.

« Au total, l’excédent de 2.833 naissances pour le premier semestre 1934 fait place à un excédent de 32.932 décès pour les six premiers mois de 1935. »

C’est un angoissant problème pour le présent et pour l’avenir. Nous, communistes, nous avons la conviction, fondée sur l’existence de l’Union soviétique, que la classe ouvrière prendra le pouvoir, qu’elle conduira le pays à un avenir de travail, de liberté et de paix!

La classe ouvrière ne veut pas une France affaiblie, avec un peuple dégénéré. Elle veut une France laborieuse forte et puissante. Que faire dans ce but ? Il faut, dès à présent, appliquer une politique de protection efficace de la mère et de l’enfant.

Ce que veulent les papas et les mamans

Les bourgeois stériles et avariés disent et font écrire par leurs journalistes que les femmes d’ouvriers, les femmes de paysans, que l’ensemble du peuple de France ne veut plus d’enfants. Ce n’est pas vrai. La classe ouvrière, les paysans, désirent des enfants. Les mamans et les papas sont fiers de leurs petits garçons et de leurs petites filles. Vous savez bien que chez les communistes on est heureux et fiers lorsque les bambins grandissant, qu’ils sont forts, intelligents ; on est même porté à exagérer un peu les qualités de l’enfant, à excuser ses défauts. On dit de son petit garçon turbulent « Il me ressemble, j’étais comme lui à son âge » (Applaudissements).

N’est-ce pas que c’est vrai, camarades ?

Cette même capitulation devant les obsessions du temps se lit dans le titre d’un article du 21 octobre sur l’Ecole normale d’Education physique : « Pour sauver la jeunesse de France de la dégénérescence physique… Il faut des éducateurs » ! Pour endiguer la vague fasciste, il faudrait être plus nationaliste, plus « santé, propreté, vitalité » qu’elle. On pense à la politique de Gribouille, qui se jetait à l’eau pour se protéger de la pluie.

Apparait aussi une nouvelle rubrique dans l’Huma : « La nation contre le fascisme ». Tout un programme. Et les troupes des ligues fascistes sont désormais systématiquement traitées de « Tueurs de Français ».

Si la rubrique « De nos correspondants soldats » est toujours présente, son contenu évolue : l’antimilitarisme qui quelques mois auparavant en était la teneur principale, largement illustré par la dénonciation des conditions de vie des encasernés et de la conduite des officiers, cède progressivement la place à la lutte contre « l’instauration du fascisme dans l’armée. » Or, « Cette manœuvre sera déjouée, car dans les camps et les casernes, le bloc des soldats, des sous-officiers et des officiers fidèles au peuple et à la République se soude de plus en plus. » Et « L’Humanité sera la grande tribune des soldats, sous-officiers et officiers qui ne veulent pas que l’armée française devienne la proie du fascisme. » (L’Humanité, 2 novembre 1935)

Et tout cela s’explique : lors du Comité central du 17 octobre (notons qu’il aura fallu deux semaines à l’Huma pour publier ce texte, qui a dû causer quelques  interrogations au sein du parti) Thorez a en effet déclaré : « Nous déclarons très nettement, et très franchement, qu’en ce moment les masses ouvrières n’ont pas à choisir entre la dictature prolétarienne et la démocratie, mais entre la démocratie bourgeoise et le fascisme. » Que le choix véritable ait été entre mobilisation du prolétariat sur une base de classe et fascisme, entre démocratie prolétarienne et dictature de la bourgeoisie, n’a semble-t-il pas avoir retenu l’attention des dirigeants staliniens. Révolution, adieu.

Dans ce discours, où l’on sent bien l’embarras dans lequel se trouve Thorez et la direction du parti (prise entre une position de droite, celle de Cachin, qui voudrait aller encore plus loin dans la collaboration de classe et une gauche qui prend toujours au sérieux le slogan « Les soviets partout ».

Par exemple, sous le sous-titre « Les conditions de formation de gouvernement de Front populaire », Thorez nous apprend que : « Ce gouvernement, que nous pouvons envisager, nous ne le ferons pas à n’importe quel moment. Nous le ferons quand les conditions auront déjà créé une situation révolutionnaire … ». Ce qui est bien différent, selon Thorez, citant à nouveau Dimitrov, d’un « gouvernement social-démocrate [qui] représente une arme de collaboration de classe avec la bourgeoisie dans l’intérêt de la conservation du régime capitaliste ». Néanmoins, « …nous somme prêts, sans collaborer dans un gouvernement, à soutenir non seulement toutes les mesures populaires mais le gouvernement lui-même. Nous soutiendrons un gouvernement radical qui s’emploierait à appliquer son programme. » Cette thèse (le moment d’un gouvernement de Front populaire n’est pas venu, mais « nous sommes prêts à soutenir le gouvernement de gauche qui voudrait appliquer tout simplement la politique définie au dernier congrès du Parti radical » Thorez la réaffirme en première page le 10 novembre.

Le 12 novembre Jacques Duclos expose les conditions d’un gouvernement de Front populaire avec participation communiste : elles comprennent une large mobilisation des masses ouvrières. On n’en était pas encore au « il faut savoir arrêter une grève » de Juin 36.

La contradiction dans laquelle se démêle le P.C.F. ne pourrait être mieux exprimée que par l’affiche « Dimitrov vous parle », publiée comme page 8 du journal, où l’on lit : « … les Communistes, tout en restant les ennemis irréconciliables de tout gouvernement bourgeois et les partisans convaincus du pouvoir des Soviets, n’en seront pas moins prêt, en face du danger croissant du fascisme à soutenir un tel gouvernement [antifasciste]. » Soutenir un gouvernement dont on est l’ennemi irréconciliable, voilà de la dialectique dialectiquement dialecticienne !

Le ralliement du P.C.F. aux thèmes chéris de la droite patriotarde atteint un de ses sommets avec le titre d’un article dans l’Humanité du 8 novembre attaquant la politique de la Banque de France intitulé : «La Banque de l’Antifrance » dans lequel est soulevée la revendication : « Que la Banque de France soit arrachée aux gens de l’Anti-France, aux exploiteurs féroces du pays ! ». Pour ceux qui ignoreraient tout ce qui se rattache à cette expression d’« Anti-France », donnons la parole à Wikipedia :

L’Anti-France désigne les groupes politiques, sociaux ou religieux accusés de trahir la nation. Ce néologisme politique datant des années 1890 est utilisé par la droite et l’extrême droite en France depuis que l’Affaire Dreyfus a reconfiguré le paysage politique sur la ligne nationalisme-internationalisme.

L’expression a un sens proche de « cinquième colonne », d’« ennemi de l’intérieur » et de « parti de l’étranger ».

(…)

Pour l’historien Raoul Girardet, l’expression apparaît à la fin du XIXe siècle et fait référence au complot judéo-maçonnique.

(…)

Sous le régime de Vichy, le maréchal Pétain emploie cette expression pour qualifier ceux à qui il attribue la défaite de 1940 : les Juifs, les communistes et les francs-maçons.

A ceux à qui le message aurait échappé, l’article adjacent, sur le procès de l’affaire Staviski, celle qui avait déclenché l’émeute fasciste « contre les voleurs » du 6 février 34, comporte juste en face de la phrase citée, une caricature de « l’inculpé Cohen ». Rapprochement peut-être inconscient, mais non moins significatif.

Une nouvelle rubrique apparait dans l’Huma : « La Nation contre le fascisme et la guerre».

Le 12, l’Huma rapporte ainsi la manifestation des anciens combattants à l’occasion du 11 novembre : « Hier le peuple de Paris a crié Vive l’armée républicaine » et « Fraternellement unis, anciens combattants, aviateurs illustres, officiers et sous-officiers de réserve, prêtres mêmes, défilent à l’Etoile, 60 hommes de front, sous les ovations d’une foule innombrable. » Le même jour, dans la rubrique « Doctrine et Histoire », sont reproduit, sous le titre « Prolétariat et nation », des extraits d’un discours de Jean Jaurès à la Chambre des députés. Dans son introduction Jean Bruhat écrit : « Si la pensée du bolchevisme doit à Jaurès comme elle doit à tous les théoriciens du socialisme elle ne saurait reprendre à son compte toute la tradition jauressienne. Cependant, du discours que prononça Jaurès lors le 15 décembre [1905], nous voulons donner deux extraits d’un intérêt particulier à l’heure présente. Le premier rappelle à la bourgeoisie que le prolétariat est en effet le véritable champion de l’indépendance nationale… »

Cette escalade dans le social-patriotisme atteint une nouvelle étape avec un article de Jacques Duclos en date du 26 novembre : « La France aux Français ! » (sic):

« Mais ce qu’il y a de sûr c’est que les fascistes français qui heurtent de front les vieilles traditions populaires de notre pays, apparaissent de plus en plus comme des agents de l’étranger, agissant sur ordre de l’étranger et disposant vraisemblablement de l’appui financier de l’étranger.

(…)

Les hommes dont l’intérêt supérieur est de sauver Mussolini sont à la fois des ennemis de la paix et des ennemis de la France.

(…)

Ainsi les ennemis du peuple français voudraient livrer notre pays à l’hitlérisme et c’est pourquoi, quand nous combattons les fascistes, nous luttons en vérité pour que la France soit aux Français, nous luttons pour empêcher les ennemis de l’intérieur de s’associer à leurs congénères des autres pays qui voudraient faire de notre pays la proie du fascisme international (…) »

Dorénavant, toute mention ou presque des ligues fascistes est accompagnée du qualificatif de « tueurs de Français ».

Le 1er décembre, en conclusion de l’annonce de la tenue du 8e congrès du Parti fin janvier 1936, Thorez écrit : « Le 8e Congrès (…) revendiquera l’honneur et la responsabilité de rétablir, contre la minorité capitaliste, contre les deux cents familles et leurs misérables agents, fauteurs de guerre civile, l’unité de la nation dans l’épanouissement de la démocratie et de la paix. »

Courant décembre, le PCF publie une nouvelle affiche anti fasciste titrée : «Réconciliation française » où les chefs des ligues d’extrême-droite sont accusés d’appeler « à la guerre entre Français ». Face aux «  diviseurs du peuple, [aux] organisateurs des luttes fratricides entre Français » « Le peuple de France doit se réconcilier avec lui-même » car « Le peuple de France, fidèle à son glorieux passé, veut la liberté dans l’amour du prochain et la paix dans la fraternité des peuples. »

Le 12, se tient à la Mutualité un grand meeting sous le même titre que l’affiche citée plus haut. Le lendemain l’Humanité rapporte en première page : « Une foule ardente clame sa confiance au Parti communiste artisan de la véritable réconciliation française ».

Après Marcel Cachin et Jacques Duclos, Maurice Thorez prend la parole sur le thème du meeting. L’Humanité rapporte ainsi ses paroles :

«Qu’a donc voulu faire la bourgeoisie en parlant de « réconciliation nationale » ?

Thorez rappelle que cette idée, on la trouve précisément dans les travaux de notre comité central, mais là avec son plein sens. La bourgeoisie sait que ce nous disons, nous le faisons. Elle voit que nous avons fait le front unique, réalisé le front populaire, travaillé victorieusement à l’unité syndicale. Elle nous voit décidés maintenant à unir contre elle, contre les profiteurs, le peuple de France. [Italique dans l’original]

Alors elle nous prend aux sérieux, elle manœuvre, elle lutte, car elle se sent menacée. Nous avons lancé l’idée de la véritable réconciliation française. Elle tente de retourner ce mot d’ordre contre nous, en le caricaturant, parce qu’elle voit bien qu’il est susceptible de rassembler les masses immenses atteintes par les conséquences du régime pourrissant !

Maurice Thorez montre les fléaux qu’engendre le capital dans sa période actuelle, qu’il s’agisse de la culture qui dépérit ou de la famille et de la race que le capitalisme tue. »

La famille et la race que le capitalisme tue… Quelque soit la différente connotation que le terme de race pouvait avoir à l’époque, ce thème du danger encouru par le substrat physiologique du peuple, on le trouve surtout chez les eugénistes fascisants, dont le Dr Alexis Carrel est un des plus notables représentants en France. Du social-patriotisme on est passé, sinon à une pratique, du moins à un discours social-nationaliste, socialiste national.  On comprend ainsi que

« …notre propagande, non seulement rassemble des ouvriers, des petites gens, des républicains honnêtes, mais mord même sur les troupes du fascisme, dans lesquelles il y des hommes qui croient sincèrement lutter pour la propreté, contre les profiteurs et qui sont sensibles à nos campagnes. »

Cette offensive de charme en direction des « troupes du fascisme » trouve une expression dans un article de P. Vaillant-Couturier, « Croix de Feu mon camarade… » (Huma du 17/12/35)

C’est sur ce ton que s’achève l’année 35, année pivot, qui a vu la consolidation de la ligne politique  adoptée au lendemain du 6 février 1934, une politique d’alliance la plus large possible au dépend de l’indépendance de la classe ouvrière, qui a vu le passage quasi définitif (avec une courte interruption entre le pacte Molotov-Ribbentrop de l’été 39 à l’invasion de l’Union soviétique par les armées nazies en juin 1941) du PCF au social-patriotisme et à la collaboration de classe, son corolaire inévitable.

(à suivre)

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