Que veut le capital américain ? A quoi tend-il ? Il cherche, dit-on, la stabilité. Il veut rétablir le marché européen dans son intérêt, il veut rendre à l’Europe sa capacité d’achat. De quelle façon ? Dans quelles limites ? En effet, le capital américain ne peut vouloir se faire de l’Europe un concurrent. Il ne peut admettre que l’Angleterre et, à plus forte raison, l’Allemagne et la France recouvrent leurs marchés mondiaux, parce qui lui-même il est à l’étroit, parce qu’il exporte des produits et s’exporte lui-même.
Il vise à la maîtrise du monde, il veut instaurer la suprématie de l’Amérique sur notre planète. Que doit-il faire à l’égard de l’Europe ? Il doit, dit-on, la pacifier. Comment ? Sous son hégémonie. Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il doit permettre à l’Europe de se relever, mais dans des limites bien déterminées, lui accorder des secteurs déterminés, restreints, du marché mondial. Le capital américain commande maintenant aux diplomates. Il se prépare à commander également aux banques et aux trusts européens, à toute la bourgeoisie européenne.
C’est ce à quoi il tend. Il assignera aux financiers et aux industriels européens des secteurs déterminés du marché. Il réglera leur activité. En un mot, il veut réduire l’Europe capitaliste à la portion congrue, autrement dit, lui indiquer combien de tonnes, de litres ou de kilogrammes de telle ou telle matière elle a le droit d’acheter ou de vendre.
Extrait d’un discours de Léon Trotsky prononcé à Moscou le 28 juillet 1924. Publié la première fois dans le numéro 1 (janvier 1925) de la Révolution prolétarienne (revue mensuelle syndicaliste communiste). L’intégralité du discours se trouve dans Europe et Amérique (Librairie de l’Humanité, 1926). On peut retrouver les numéros de la Révolution prolétarienne en cliquant ICI.