Au concours international du plus gros mensonge de l’année, à l’unanimité du jury, la palme d’or a été attribuée au… Parti « socialiste » européen (PSE). Le 17 avril, le PSE tiendra meeting à Paris, en présence de Martin Schulz (candidat à la présidence de la Commission européenne) sur le thème : « l’austérité en Europe est une erreur » (1). En Europe, comme partout ailleurs, l’austérité est plus qu’une erreur c’est un crime social produisant des effets dramatiques dans les classes sociales qui n’ont pas le privilège de détenir du capital.
Cette affirmation du PSE contredit la pratique de toutes ses sections depuis des décennies puisqu’elles ont mis, mettent et mettront l’austérité en œuvre. En Allemagne, Schröder et son comparse Hartz ont instauré une sévère austérité qui fait baver d’envie la bourgeoisie française. Aujourd’hui, le SPD persiste en cogérant le pays avec Merkel. Le PSOE en Espagne et le PASOK en Grèce ont suivi le même chemin. Le premier a perdu les élections et le second a été licencié par le tandem Sarkozy-Merkel pour laisser la place à la troïka (2).
En France le gouvernement PS – ou plus exactement le gouvernement PS-MEDEF – est totalement investi dans la même logique : nouvelle contre-réforme des retraites, démantèlement du code du travail et maintenant le pacte dit de responsabilité. Ce dernier va produire des coupes sombres dans la protection sociale et les services publics ; autant d’abérations pour le capital. Pour parvenir à cet objectif le gouvernement Valls mise sur la franche coopération des directions syndicales autrement désignée sous le vocable de dialogue social.
Enfin, toute la construction de l’Union européenne (UE) est fondée sur la totale liberté pour le capital : austérité permanente, concurrence entre les salariés des pays membres de l’UE. Peut importe les effets réels sur les véritables producteurs pourvu que soit sauvé la profitabilité du capital. Du traité de Rome (1957) au TSCG (2012) en passant par le traité de Maastricht et les dogmes fondateurs de la Banque centrale européenne, tout ce fatras institutionnel, bureaucratique et opaque à souhait peut se résumer par une seule phrase : implacable mise en œuvre du principe libéral qui veut que seuls les plus forts survivent.
Qu’on le veuille ou non, c’est au niveau européen que se déroule la lutte des classes même si pour l’heure seule la bourgeoisie en a pris conscience. A son époque où l’organisation du mouvement ouvrier était encore balbutiante et où l’UE n’existait pas, Marx posait ainsi le problème : « la nouvelle révolution française sera obligée de quitter aussitôt le terrain national et de conquérir le terrain européen, le seul où pourra l’emporter la révolution sociale du 19e siècle » (3). Ce qui était vrai en 1848 devient une nécessité vitale en ce début du 21e siècle.
Le PSE et ses sections ont fait leur choix : tout pour le capital ! Leur mensonge grossier ne trompera pas éternellement la classe ouvrière européenne. La déroute du PS aux élections municipales en est un indice brouillé par l’implantation du FN. Si l’on se refuse à ajouter un cauchemar politique au cauchemar social existant, il convient de se préparer à la confrontation avec toutes les institutions qui écrasent la classe ouvrière sous le joug totalitaire du capital (4). L’émancipation ne sera possible qu’en brisant toutes nos chaînes.
Émile Fabrol
1.- http://www.parti-socialiste.fr/articles/le-17-avril-meeting-europeen-au-cirque-dhiver 2.- Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI
3.- Karl Marx, les Luttes de classes en France (1848-1950), Éditions sociales, 1952, page 47.
4.- Le totalitarisme n’est pas seulement une uniformisation politique terroriste, c’est aussi une uniformisation économico-technique non terroriste qui fonctionne en manipulant les besoins (…). Le totalitarisme n’est pas seulement le fait d’une forme spécifique de gouvernement ou de parti, il découle plutôt d’un système spécifique de production et de distribution, parfaitement compatible avec un « pluralisme » de partis, de journaux, avec la « séparation des pouvoirs », etc. Herbert Marcuse, l’Homme unidimensionnel, Les Éditions de Minuit, 1968, page 29.